En France, en 2018, une femme meurt tous les trois jours sous les violences de son conjoint. Le taux de femmes battues ne cesse de s’accroître. Beaucoup gardent le silence jusqu’à en mourir ou avoir des séquelles irréversibles.

Clara James, une étudiante de 24 ans, victime de ces violences, va partager avec nous un témoignage poignant qui a changé le cours de sa vie. 

” Mon coeur s’emballe, mes mains sont moites, ma vision se trouble, je le sens il est là !

On pense toujours que c’est facile de partir quand ça va trop loin, mais l’avez-vous déjà fait ?

2h avant le drame …

C’est pourtant une fin de journée tout à fait normale. Le soleil tape sur mon visage et me submerge de chaleur. Je me sens si bien à Paris.

J’arrive chez moi, il est 18h. Je dépose mes clés à l’entrée et je m’allonge sur mon lit. 

En face de moi à travers cette grande baie vitrée, mon homme est sur le balcon entrain de fumer comme à son habitude.. Je ne peux pas vraiment vous expliquer mon ressenti lorsque je le vois. C’est une sensation incroyable et addictive. Je me nourris de lui, son sourire, ses yeux, sa bouche, ses lèvres et de sa voix.. 

J’aime cet homme, comme je n’ai jamais aimé auparavant. Il est tout pour moi, je donnerai ma vie pour lui. 

“Ce fut peut-être mon erreur… J’aurais sûrement dû me taire.”

Quand il rentre dans la chambre, je sens que l’atmosphère est tendue. Je tente de lui demander ce qui se passe. J’ai le droit à une rafale d’insultes alors j’essaye de canaliser la situation, mais rien n’y fait. La pression monte de secondes en secondes puis la colère m’envahie et je l’insulte à mon tour.

Ce fut peut-être mon erreur… J’aurais sûrement dû me taire.

Ni une ni deux, il s’approche de moi, me pousse violemment contre la porte me faisant tomber. Je tente de me relever en vain. D’une seule main, il me soulève par la gorge et me coupe la respiration. Je tente de retirer ses mains qui m’étranglent. Mais plus je me débats plus il me serre. Je ne le reconnais plus, dans ses yeux j’aperçois que quelque chose d’étrangement sombre l’a envahi. Ce n’est plus mon homme face à moi. C’est un parfait étranger. 

“Je décide de ne plus me débattre et je le laisse finir.”

Il me jette au sol, me roue de coups et frappe tellement fort que je décide de ne plus me débattre et le laisse finir. Je ne ressens plus rien.

Je n’ai plus les mots.. J’entends juste ce silence absolu, la douleur m’a quittée depuis un moment. Me voilà sur ce sol recroquevillée comme dans le ventre de ma mère. Je me sens bien, en sécurité, je suis en autarcie avec moi même.

Mais la réalité me rattrape bien vite, il est encore là, au dessus de moi , je ne l’entends plus mais je vois juste ses grands gestes au dessus de ma tête. Sur son visage la colère est encore là. Il ne cesse de me donner de grands coups au niveau de la poitrine, du visage et du dos. 

Je sens alors le sang qui coule sur ma joue, la vie qui m’échappe, et je repense à toutes ces choses que je n’ai pas eu le temps d’accomplir. Je vois mes rêves s’envoler, j’aperçois mes parents et mes amis dans mes pensées. Vont-il me faire cette réflexion tellement commune  «On lui avait dit de partir, de le quitter» ?

“Jusqu’à ce que la mort nous sépare.” 

Je ne sais pas, à vrai dire je m’en fous. Car la seule question, qui tourne en boucle dans ma tête, est : « seras-tu là à mon réveil? m’aimeras-tu encore? Je ne veux que toi. Je suis désolée si j’ai mal agi.»

Jusqu’à ce que la mort nous sépare. 

Lorsque j’ouvre les yeux à l’hôpital, trop de visages me sont familiers mais lui n’est pas là. 

Ma mère et mes amis pleurent comme si j’étais morte. Je leur dis que tout va bien que je n’ai pas mal. Le médecin qui entre dans ma chambre m’annonce que j’ai eu de la chance de m’en sortir mais que j’aurai des séquelles irréversibles. 

Il m’annonce alors le drame de ma vie « Vous êtes TÉTRAPLÉGIQUE .» ”

 

Si vous êtes victime de violences, n’hésitez pas à contacter SOS femmes battues : 39.19