MARSEILLE : LA TÊTE HAUTE

Ah Marseille, une sacré ville pleine de caractère, à l’accent fort prononcé et à l’attitude terriblement extravagante… (Avec l’accent s’il te plait). On l’aime, on la déteste, pour elle ça ne change rien, ses rues fourmillent toujours autant de touristes et autres minots du coin qui jouent au ballon jusqu’au levé du jour. Alors oui ça me brise le coeur de t’entendre dire que Marseille ça pue, c’est moche, c’est nul. C’est pourquoi je vais te raconter une petite histoire, et le héros dans tout ça, c’est toi mon cacou…

Si tu as besoin de comprendre certaines expressions, voici un super lien du dictionnaire marseillais (oui on a ça nous).

BIENVENUE SUR LA PLANÈTE MARS

Te voici éjecté de ton Ouigo Paris-Marseille non sans crainte de te faire poignarder dés les premières minutes pour ton I-Phone.

Quelques instants plus tard, toujours rien, tu es vivant, tu as chaud et tu viens même d’arriver sur le parvis de la gare Saint-Charles, sous un ciel si lisse que tu as beau chercher… Non vraiment, les nuages ça n’a pas l’air d’exister ici ! (On aime bien exagérer nos propos tu le remarqueras)

La vue est simplement magnifique, tu peux apercevoir Notre-Dame de la Garde, protectrice de la ville, garante de tes plus grands secrets la nuit tombée, et « Bonne Mère » pour les intimes.

 

© Lionel Duval – Notre-Dame de la Garde

MARSEILLE VILLE PIONNIÈRE

Avant de dévaler les nombreuses marches de la gare, il faut bien que tu comprennes collègue (oui c’est comme ça qu’on t’appelle ici) que Marseille a une histoire riche de 2600 ans. Ce qui en fait la doyenne des villes françaises !

Selon les anciens, Massalia serait née de l’union d’une princesse nommée Gyptis qui tomba folle amoureuse de Protis, un grec plutôt beau gosse venu de Phocée. Afin de célébrer leur amour, les pêcheurs et les grecs firent une belle soirée arrosée, et offrirent au jeune couple la terre sur laquelle Marseille sera créée.

Figure toi que cette histoire est merveilleuse car elle porte les valeurs d’ouverture au monde qui demeurent, 26 siècles plus tard, la marque de la cité phocéenne.

 

“Histoire populaire de la France” de Victor Duruy (1811 – 1894)

PREMIÈRE ÉTAPE : LE CENTRE-VILLE

C’est sous la canicule et un soleil qui te mord les tempes que tu décides d’aller faire un tour au centre-ville (non mais quelle idée…).

Tu découvres la Canebière en prenant le tramway puis tu remarques avec étonnement que les mouettes font partie du spectacle : tu n’es jamais très loin de la mer.

Mais avant cela direction Noailles, quartier-ventre de la ville, où tu apprécies son marché des Capucins en forme de triangle. Ici ça sent la friture, le fruit confit, les légumes frais, les épices et herbes séchées… Bienvenue au Maroc ! Ah non pardon, en même temps… Il est si facile de voyager à travers les paniers en osier, les négociations acharnées des commerçants et des bibelots sans valeurs exposés. Les sourires sont présents et tu te sens bien, tu te sens ailleurs. Soudainement ton ventre gargouille et t’arrache de tes pensées agréables.

© Lionel Duval – Marché de Noailles

 

DEUXIÈME ÉTAPE : LES PIEDS DANS L’EAU

Arrivé enfin face à la mer (là où tu aurais du grandir), tu es saisi par la beauté du tableau : son bleu scintille comme un diamant aux reflets du soleil, et tu comprends instinctivement pourquoi nous la chérissons tant. Tu vas t’acheter de quoi te rassasier chez « L’authentique », l’une des meilleures sandwicherie de la côte. Assis en terrasse, tu observes l’étendue de pelouse qui te sépare du va et vient des vagues, où des passants jouent au cerf-volant, progressent en pompes, se nèguent (= se noyer, celui là c’est cadeau) en se marrant fort au bord de l’eau…

Tu te fais finalement dérober la dernière bouchée de ton burger dégoulinant de délices… eh oui, méfi ! Les gabians, eux, sont des voleurs, ça suffit les clichés racistes !

© Booking.com – Plage du Prado

 

En traversant la route, tu manques de te faire renverser par un scooter : « Nain culé ! Tié fada oh !! », te crie-t-il en agitant une main dans ta direction. Oups, tu n’as rien compris.

Quelques kilomètres plus tard, tu débarques dans notre bout du monde : Les Goudes. Stupéfaction, c’est aussi beau que sur les photos. L’iode te débouche les narines, le vent te fouette le visage et ça fait un bien fou… C’est ici que l’on passe son « dimanche, entre amis, en famille, que l’on soit riche ou non » comme aime le chantonner Massilia Sound System, le plus provençal des groupes de reggae.

© Lionel Duval – Les goudes

 

Tu décides d’aller voir ces fameuses calanques dont on t’a tant parlé, et là, vraiment, c’est trop pour toi… Tu ne sais même pas discerner la mer du ciel, tant l’horizon semble ne plus exister. Tu te pinces, non tu n’es pas mort ! Puis tu plonges dans l’eau, avec ton petit maillot et tes petites chaussures pour éviter de t’abimer tes petits pieds (ceci est un conseil d’amie). Je ne t’en dis pas plus, la photo parle d’elle même…!

© Louis Pernée

 

TROISIÈME ÉTAPE : LA VIE CULTURELLE

Fin d’après-midi, après ta baignade au paradis bleu, tu passes par le Vieux-Port puis le Panier, quartier tranquillo-bobo où les street-artistes aiment se perdre et laisser leur trace dans une explosion de couleurs. C’est ici même que tu déniches tes plus belles cartes postales à base de postérieurs de cagoles en maillot « à Marseille on est bieng », et savons traditionnels… Ça sent les vacances et ça en a même le bruit, les chants des cigales te faisant frétiller les oreilles.

© Lonely Planet – Le Panier

 

En avant pour le MUCEM ! Ce musée à la fois moderne et original est le plus imposant de la ville. Expositions sur Pedro Almodovar, Ai Wei Wei ou encore Picasso, le choix est excitant selon les périodes de l’année. Tu peux même danser jusqu’à tard dans la soirée et profiter de la restauration sur place, le tout, au dessus de l’eau, face au Fort Saint Jean. Ici, pas de bousculade, on prend son temps, on se partage des tapas sur des poufs entre amis et on observe la vue dans la solitude, un jaune glacé à la main (le jaune, c’est le Pastaga évidemment).

© Air Corsica – Le Mucem

 

Juste avant d’atterrir dans ce lieu magique, tu te souviens être passé devant l’hôtel Dieu, que tu peux aussi visiter à ta guise en te fondant aux personnalités mondaines (qui ont assez d’oseille pour s’y offrir une nuit). Puis il y a aussi le Palais de Longchamp et sa fontaine monumentale, son jardin biologique abritant le Museum d’Histoire Naturelle et le musée des Beaux-Art.

QUATRIÈME ÉTAPE : LES SORTIES NOCTURNES

Quelques poubelles plus loin, (oui on ne va pas se leurrer, cela fait aussi partie de son charme, allez marronne pas !) et quelques quartiers-villages explorés, tu vas savourer un bon plat exotique au Cours Julien.

Ici, c’est le lieu où toutes les nationalités se rassemblent, et cela se voit jusque dans les devantures des restaurants, tous agglutinés les uns aux autres. Thaïlande, Inde, Maroc, Afrique du Sud, Libanais, Italien, Espagnol, il y en a pour tous les goûts ! Tu décides de trouver un restaurant à l’odorat, tant les plats se découvrent au fil de ta balade. Tu hésites avec les exquises spécialités espagnoles de chez « Dos hermanas » mais le « Lan Thaï» (terriblement bien noté) t’attire avec fougue, et tu décides ainsi de céder à la tentation (non, cet article ne tombera pas dans l’érotisme).

© La Provence – Cours Julien

 

C’est enfin au Rooftop que tu termineras cette chaleureuse soirée, improvisant tes meilleurs pas de danse, au milieu d’une foule si bronzée dont les effluves de Monoï te laissent penser que l’on a tous passé la même journée, les pieds dans l’eau. La jeunesse marseillaise parle fort, rigole fort, et s’aime fort aussi. Tu remarques à quel point IAM avait raison : « Ici, on est Marseillais bien avant d’être Français ».

 

© Bureau des Congrès Marseille – Rooftop R2

 

Tu réalises alors que finalement, être sudiste est un état d’esprit rempli de liberté et d’un amour inconditionnel pour sa ville. Qu’importe que l’OM ne gagne pas toujours, nous l’aimerons. Qu’importe que JUL ne soit pas à ta hauteur, nous l’aimerons. Qu’importe que notre ville sente la sardine, nous la défendrons. Et si tu n’es pas convaincu, alors viens nous voir pour de vrai, et Marseille t’ouvrira ses bras. Même VICE le dit et ça, ça nous fait sourire le coeur.

Si tu veux des images ludiques, alors regarde cette magnifique vidéo signée Maison Lucha.